Le regard est un puissant révélateur de la personnalité et peut nous donner de précieuses indications :
– un regard fuyant dénote une personnalité peu franche, peu confiante et peu apte à la communication ;
– un regard qui fixe trop celui de son interlocuteur est déstabilisant et laisse transparaître une personnalité tourmentée.
Le regard se superpose aux expressions faciales. Au fauteuil, la distance entre les yeux du praticien et ceux de son patient est de 30 cm environ, distance qui permet la meilleure focalisation [3], mais le praticien se situe alors dans l’espace intime du patient. Gare aux mimiques incontrôlées qui peuvent montrer notre énervement ou notre inquiétude. Notre regard doit exprimer bienveillance et compréhension à tous les stades de la thérapeutique prothétique.
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Ainsi, dans notre profession, les communications non verbales tiennent une place de choix. Elles s’intégrent, se superposent et se substituent au langage surtout dans les moments où l’immobilité du corps exigée par le geste technique rend l’expression verbale impossible, la respiration et la déglutition difficiles [9, 10]. Nous communiquons donc autant, voire davantage avec notre corps que par les paroles que nous prononçons.
La communication verbale:
L’expression verbale constitue un authentique pouvoir. L’essentiel de la communication se traduit par l’expression d’un message (parlé, écrit, visuel ou sonore) projeté vers l’autre et indissociable de notre vécu socioculturel et psychologique. Chaque individu, en effet, subit tout au long de sa vie de multiples influences qui forgent et modifient sa personnalité (fig. 3). Ainsi, s’établit le champ de conscience de chaque individu (fig. 4). Il faut reconnaître que nous sommes inégaux dans la façon dont nous réagissons face à une situation simple, voire face à une succession de situations simples, dites évolutives. Le message n’est pas intégré à la même vitesse suivant le sujet, son vécu, son âge, son milieu socioculturel, ses capacités d’adaptation (fig. 5 et 6).
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fig. 5 – Face à une situation simple, les capacités d’adaptation sont très différentes d’un individu à l’autre. Plus le patient mettra du temps à décoder l’information, moins il aura de temps pour l’intégrer. Ses capacités d’adaptation s’en trouvent diminuées. | fig. 6 – Les capacités d’adaptation tout au long de l’acte prothétique peuvent varier chez un même individu. |
Il est capital de prendre le temps de reconnaître à quel type d’individu nous avons à faire. Les données de morphopsychologie [11] et les attitudes non verbales développées par le sujet peuvent nous procurer de précieux renseignements, car le comportement du sujet aura une influence permanente sur le déroulement des soins et sur ses aptitudes à communiquer. L’examen clinique, la réalisation, l’insertion de la prothèse complète en bouche et les séances de maintenance post-prothétiques demandent au praticien un équilibre subtil entre ses compétences cliniques, une grande disponibilité d’écoute, beaucoup de psychologie et le respect d’une certaine distance professionnelle alliée à une certaine fermeté.
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