Prothèse immédiate et avulsions simples
Objectifs
Au-delà des objectifs psychologiques et fonctionnels précédemment évoqués, l’objectif principal de la prothèse complète immédiate est de préserver le tissu osseux existant. Les forces fonctionnelles exercées par l’intermédiaire de cette prothèse stimuleraient l’ostéogenèse et, par là même, préviendraient les phénomènes de résorption [8, 9]. Cette technique d’insertion qui fait appel à de simples extractions est, par ailleurs, en totale opposition avec les procédés qui font appel à des plasties osseuses.Indications – Contre-indications
Cette technique comporte de nombreuses indications d’ordre général, loco-régionale et local.
Indications générales
Ce sont des indications d’ordre psychologique et social. Ce type de prothèse est particulièrement indiqué chez les patients angoissés à l’idée de paraître édentés, chez les patients ayant une activité professionnelle qui implique un contact avec le public, en cas de traitement prothétique, en urgence avant un voyage, des vacances…Indications loco-régionales
Elles concernent les crêtes alvéolaires présentant un degré de résorption avancé.Indications locales
Elles dépendent des valeurs extrinsèques et intrinsèques des dents restantes :- valeur extrinsèque très réduite en raison de fortes malpositions dentaires, égressions, versions, vestibulo-positions…
- valeur intrinsèque très faible : destructions coronaires importantes, lésion apicale non traitable, traitement endodontique impossible, mobilité terminale de la dent, rapport racine clinique
- couronne clinique très défavorable, support parodontal déficient, résorption osseuse très avancée et/ou résorptions verticales.
Les contre indications sont d’ordre général et loco-régionale.
Contre-indications générales
Elles concernent des patients dont l’état de santé constitue un risque pour toute intervention chirurgicale. La réalisation d’une prothèse complète immédiate est également contre-indiquée chez des patients non coopératifs, chez qui l’insertion immédiate de la prothèse et le suivi postthérapeutique nous semblent incertains.Contre-indications loco-régionaies
Il s’agit de la présence d’un rempart alvéolaire antérieur présentant de fortes contre dépouilles, qui empêcheront l’insertion prothétique sans corrections chirurgicales.Réalisation pratique
Le premier stade de la conception d’une prothèse immédiate débute toujours, sauf exception, par l’extraction des dents postérieures. Il précède de 3 à 4 semaines la prise d’empreintes. Les étapes suivantes qui concernent les empreintes, l’enregistrement de l’occlusion et l’essai fonctionnel de la prothèse sont comparables à celles d’une prothèse complète conventionnelle. Après l’essai fonctionnel, le point essentiel réside dans la préparation du modèle issu de l’empreinte secondaire au niveau des dents devant être extraites. Pour permettre la mise en place des dents prothétiques et reproduire la perte du volume tissulaire que les avulsions vont engendrer, le modèle de travail doit être préparé. Cette approche peut se faire soit au cabinet dentaire soit au laboratoire. La mise en place des dents prothétiques au cabinet dentaire en présence du patient répond à certaines difficultés psychologiques, mais elle se réalise selon les mêmes procédures qu’au laboratoire. Dans un premier temps, un sondage parodontal complet de chacune des dents à extraire est effectué et la profondeur des poches est notée (fig. 3). Seule la profondeur des poches parodontales vestibulaires est reportée sur le modèle, figurant ainsi la diminution du volume des tissus muqueux à prévoir lors des extractions. Dans un deuxième temps, des clefs en silicone putty (Zeta-Labor® de Stabyl) enregistrent la position et la forme des dents restantes(fig. 4a et b). Le modèle est alors corrigé selon le tracé, préfigurant le niveau de la future crête. Celle-ci devra obligatoirement posséder un profil arrondi, convexe et harmonieux, sans irrégularités marquées ni cuvette. En effet, ce remodelage de la crête conditionne l’intrados prothétique et donc, indirectement, la cicatrisation muqueuse guidée par la prothèse. Si le modèle reproduit la concavité de l’entrée d’une alvéole déshabitée, une excroissance de l’intrados prothétique existera et pourra entraîner une compression du caillot, puis la persistance d’une dépression muqueuse, qui pourrait entraîner ultérieurement des problèmes algiques lors de la confection de nouvelles prothèses. Cependant, certains auteurs proposent de créer de fausses racines en résine qui entrent dans les alvéoles déshabitées. Cette technique est particulièrement adaptée aux prothèses mandibulaires, car elle augmente la stabilité prothétique(fig. 5).





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