Rôle des PPAT
Rôles esthétique et psychologique
« Docteur, combien de temps vais- je rester sans dents après l’intervention ?» À cette question, le praticien peut répondre et rassurer le patient en lui assurant que, grâce à la prothèse transitoire, il pourra poursuivre sans problèmes sa vie familiale et sociale. Son apparence et son sourire seront préservés, voire améliorés au prix de quelques heures d’efforts pour s’habituer aux nouvelles conditions fonctionnelles créées. Pour répondre à ces exigences, la prothèse doit, selon le cas, respecter l’esthétique présentée avant l’intervention ou bien rétablir une harmonie dento-labiale en fonction des souhaits du patient, des documents pré-extractionnels, etc.
Les moyens pour parvenir à un résultat satisfaisant passent par :
- le choix judicieux de la forme et de la teinte des dents prothétiques ;
- le montage des dents selon des axes, dans les plans frontal et sagittal, donnant l’impression du naturel ;
- la réalisation d’une fausse gencive rétablissant l’harmonie des tissus péri-buccaux ;
- le choix de crochets les plus discrets possibles.
Dans ces conditions, l’intégration psychologique de l’amovibilité de la prothèse peut survenir plus facilement. Le passage notamment de la prothèse fixée à la prothèse amovible ne peut s’effectuer dans de bonnes conditions que si le patient prévoit une amélioration sur le plan esthétique de son apparence. La perspective d’une future prothèse métallique plus confortable et mieux intégrée doit contribuer à l’acceptation de la prothèse et à l’apprentissage fonctionnel (fig. 1 a à e).
Rôle phonétique
Le port, pour la première fois, d’une PPA est générateur de troubles phonétiques qu’il est possible de minimiser grâce :
- aux conseils donnés au patient : lecture à haute voix, répétition de certains phonèmes ;
- à un apport ou une suppression de matériau acrylique sur les surfaces en rapport avec la langue (fig. 2) ;
– à la modification de la situation dans l’espace de certaines dents incriminées.
Rôle dans le réaménagement de l’occlusion
L’édentation est à l’origine de nombreux bouleversements occlusaux fréquemment accentués par le port prolongé de prothèses amovibles ne correspondant plus aux critères d’équilibre : dents prothétiques abrasées, dents naturelles égressées, instabilité prothétique, perte de DVO (dimension verticale d’occlusion), résorption osseuse, apparition de crêtes « flottantes »,… (fig. 3). La prothèse transitoire, fixée et amovible, est le seul moyen de revenir à des conditions favorables en constituant une approche probatoire.
La DVO, les courbes fonctionnelles adaptées au schéma occlusal choisi et le calage en OIM (occlusion d’intercupsidation maximale) sont établis soit d’emblée, soit progressivement, en fonction de l’importance des modifications à apporter et de la chronologie des différentes séquences de traitement (fig. 4a et b). L’équilibre occlusal, ainsi rétabli, supprime les spasmes musculaires, améliore la coordination des ATM et, de ce fait, facilite les manipulations de la mandibule pour les enregistrements de la relation centrée et de tout autre rapport maxillo-mandibulaire. C’est ce rôle de réaménagement occlusal qui est le plus important, car il contribue à la réussite de toutes les autres actions thérapeutiques dévolues à la prothèse transitoire.
Rôle dans la préparation tissulaire
La préparation des tissus sous-prothétiques n’a de sens que si les conditions d’équilibre occlusal sont préservées ou rétablies. Elle comporte deux aspects distincts : la préparation des tissus recouvrant les crêtes et l’utilisation de la PPAT comme guide chirurgical et (ou) guide de cicatrisation.
La préparation des tissus fibro-muqueux intéresse le traitement de l’hyperémie et de l’inflammation par l’utilisation de résines à prise retardée, placées dans l’intrados des selles préalablement réglées au niveau des bords (Fitt* de Kerr, Soft Liner® de GC, Viscogel de Dentsply-Detrey…). Ces résines, qui durcissent progressivement, sont à renouveler trois à quatre fois toutes les semaines. Des soins locaux, comme le brossage des tissus associé à des applications d’antiseptiques et antifongiques pour éliminer plaque bactérienne et Candida albicans, complètent l’action de stimulation des PPAT (fig. 5a à d). Le port prolongé des résines à prise retardée non renouvelées, le manque d’hygiène, la nicotine et les goudrons chez les fumeurs aboutissent à l’effet inverse de celui qui est recherché. Si les étapes préprothétiques s’étendent sur une longue période, imposée par des phases de cicatrisation, par l’édification des constructions fixées ou pour convenance personnelle du patient, il est indispensable de remplacer la résine à prise retardée par une résine acrylique conventionnelle (fig. 6).
La prothèse provisoire amovible peut également faire office de guide chirurgical pour les interventions classiquement indiquées : plasties de crêtes, extractions, élimination de freins ou de brides fibreuses, etc.
La PPAT est réalisée sur un modèle en plâtre sculpté en fonction du résultat post-chirurgical souhaité. Les documents d’imagerie et l’étude prospective des modèles sur articulateur, alliés à l’expérience clinique de l’opérateur, contribuent à la réussite de cette séquence préprothétique. Au cours des semaines suivant l’intervention, c’est la PPAT avec ou sans apport de résine à prise retardée qui oriente la cicatrisation ostéomuqueuse. Celle-ci s’effectue en fonction des sollicitations induites par la prothèse avec orientation de la trabéculation osseuse et renforcement de la fibromuqueuse. Dans un contexte occlusal équilibré et avec une PPAT correctement réalisée, les douleurs post-opératoires sont réduites, voire inexistantes.
En implantologie, après la chirurgie et, dans un second temps, après la pose des vis de cicatrisation, le rebasage des selles concernées à l’aide d’un silicone spécifique (Rebasil+® de Dexter) permet l’attente de la maturation des tissus dans un contexte d’hygiène satisfaisant (fig. 7a à c).
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